Quelques textes qui m’accompagnent ces temps-ci :
Hokusai dit… ~ Roger Keyes
Hokusai dit : regarde attentivement.
Il dit fais attention, observe.
Il dit continue de regarder, reste curieux.
Il dit il y a toujours quelque chose à voir.
Il dit réjouis-toi de vieillir.
Il dit continue de changer,
tu deviens toujours plus qui tu es réellement.
Il dit enlise-toi, accepte-le,
répète toi toi-même aussi longtemps que c’est intéressant.
Il dit continue de faire ce que tu aimes.
Il dit continue de prier.
Il dit chacun de nous est un enfant,chacun de nous est un ancien,chacun de nous a un corps.
Il dit chacun de nous est terrifié.
Il dit chacun de nous doit trouver un moyen de vivre avec la peur.
Il dit chaque chose est en vie
les coquillages, les maisons, les gens, les poissons,
les montagnes, les arbres.
Le bois est vivant.L’eau est vivante.
Chaque chose a sa propre vie.
Chaque chose vit à l’intérieur de nous.
Il dit vis avec le monde à l’intérieur de toi.
Il dit peu importe si tu dessines ou écris des livres.
Peu importe si tu coupes du bois ou attrapes des poissons.
Peu importe si tu es assis à la maison
et regardes les fourmis sur ta véranda
ou l’ombre des arbres et des plantes dans ton jardin.
Ce qui importe, c’est que tu fasses attention.
Ce qui importe, c’est que tu ressentes.
Ce qui importe, c’est que tu observes.
Ce qui importe, c’est que la vie vive à travers toi.
La plénitude vient de ce que la vie vit à travers toi.
La joie est la vie vivant à travers toi.
La satisfaction et la force viennent
de la vie vivant à travers toi.
La paix est la vie vivant à travers toi.
Il dit n’aie pas peur,
N’aie pas peur.
Regarde, ressens, laisse la vie te prendre par la main.
Laisse la vie vivre à travers toi.
Oies sauvages ~ Mary Oliver
Tu n’as pas besoin d’être bon.
Tu n’as pas besoin de marcher à genoux
sur une centaine de kilomètres dans le désert, repentant.
Il te suffit, simplement, de laisser le doux animal de ton corps
aimer ce qu’il aime.
Raconte-moi le désespoir –ton désespoir—
et moi, je te raconterai le mien.
Entre-temps, le monde poursuit son cours.
Entre-temps, le soleil et les perles claires de pluie
se déplacent à travers les paysages,
au-dessus des prairies et des arbres profonds,
des montagnes et des rivières.
Entre-temps, les oies sauvages, là-haut dans le ciel bleu et pur,
rentrent de nouveau au pays.
Qui que tu sois, et aussi esseulé que tu puisses être,
le monde s’offre à ton imagination,
il t’interpelle comme la voix rauque et animée des oies sauvages,
clamant encore et encore ta place
au sein de la famille des choses.
La patience des choses ordinaires ~ Pat Schneider (traduction libre de Roxanne Dault)
C’est une sorte d’amour, non?
Comment la tasse tient le thé,
Comment la chaise tient debout solide et carrée,
Comment le sol reçoit le bas des chaussures
Ou des orteils. Comment les plantes des pieds savent
Où elles sont censées être.
J’ai pensé à la patience
Des choses ordinaires, comment les vêtements
Attendent respectueusement dans les placards
Et le savon sèche tranquillement dans le plat,
Et les serviettes boivent le mouillé
De la peau du dos.
Et la belle répétition des escaliers.
Et quoi de plus généreux qu’une fenêtre?
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The Patience of Ordinary Things ~ Pat Schneider
It is a kind of love, is it not?
How the cup holds the tea,
How the chair stands sturdy and foursquare,
How the floor receives the bottoms of shoes
Or toes. How soles of feet know
Where they’re supposed to be.
I’ve been thinking about the patience
Of ordinary things, how clothes
Wait respectfully in closets
And soap dries quietly in the dish,
And towels drink the wet
From the skin of the back.
And the lovely repetition of stairs.
And what is more generous than a window?
Un moment d’arrêt ~ Guthema Roba
Un moment d’arrêt.
C’est tellement beau
ce silence
même si ce que
vous allez
dire peut ouvrir
sept cieux –
soyez tranquille pour
un moment
et reste ici
avec moi.
Be still.
it is so beautiful
this silence
even if what
you are going
to say can open
seven skies –
be still for
one moment
and stay here
with me.
~ Guthema Roba